L’héritage

Cette pièce a été écrite en 1972, lorsque Bernard-Marie Koltès avait vingt-quatre ans ; c’est l’un de ses premiers textes qui a été enregistré en 1972, d’abord à l’ORTF de Strasbourg, puis pour une émission de Lucien Attoun à France Culture. Elle n’a jamais été jouée du vivant de Koltès. Elle a été créée dans une mise en scène de Catherine Marnas, au Théâtre des Abbesses, en octobre 1997. Rendant compte de ce spectacle, dans Le Monde, Brigitte Salino écrivait : Dans L’Héritage, il y a une maison, froide, posée dans des champs nus qu’il faut traverser pour atteindre la ville. Dans la maison, il y a une famille, bourgeoise, riche à crouler sous les domestiques. Et dans une pièce, il y a un cadavre, celui du père, Dehors, il fait nuit. Il fera nuit toute la pièce. Koltès était un solaire à l’âme d’oiseau nocturne. Il a donné au fils de L’Héritage un nom insensé d’Indien à la Claudel, Pahiquial. Pahiquial a une mère, Anne-Agathe, un ami efféminé, Ariée, une “fiancée”, Thérèse, et un désir de funambule qui danserait sur des braises. Une âme en feu, la haine du monde, l’envie féroce de tout jeter – l’héritage, la maison, la famille – pour se perdre dans la jungle de villes par lui imaginées. Pahiquial est fragile, Koltès incendiaire. Ses mots impolis, parfois insupportables, surgissent d’une nuit du refus qui deviendra gracieuse, dans ses pièces suivantes.