Adrien

Hélène : Adrien, ce n’est pas si grave.

Adrien : Pas si grave ?

Hélène : C’est un très beau fauteuil.

Adrien : C’est de la provocation.

Hélène : Je suis sûre que ça partait d’une bonne intention.

Adrien : Ils me le paieront, j’en fais le serment.

Hélène : Adrien ! Tu dois accepter ce fauteuil dans son contexte symbolique et sa signification socio-traditionnelle.

Adrien : Pardon ?

Hélène : Mais bien sûr ! Le fauteuil de la retraite fait partie de notre culture. De la tradition. Dans ce qu’elle a de plus noble. Ce fauteuil est symbolique. On offre un fauteuil à un retraité un peu comme on offre une grappe de raisins à un malade.

A cinquante ans, Adrien décide de ne plus travailler et de ne faire que ce qui lui plaît. Tout son entourage est stupéfait : sa femme, sa fille, la libraire, ses collègues, personne ne comprend son choix. Le rêve d’Adrien : un vélo. C’est d’ailleurs ce qu’il s’attend à recevoir comme cadeau de départ à la retraite. Mais voilà : au lieu du vélo tant attendu, Adrien reçoit un fauteuil, certes très confortable, mais un fauteuil tout de même. Adrien arrivera-t-il à faire une croix sur sa vie professionnelle ?

Véritable feu d’artifice de bulles qui éclatent avant même qu’on ait pu s’y accrocher, cette fable, pétillante et originale, laisse entier le mystère qu’Adrien se plaît à entretenir. Elle enivre le lecteur et le spectateur avec légèreté et profondeur, et distille le suspens jusqu’à la dernière phrase.