> · ·

Eugène Labiche

Théâtre - Vol - 2


Ou s’anerçoit en lisant les vingt-deux pièces contenues dans le présent volume que Labiche est un véritable écrivain français dans la mesure où ses personnages maltraitent à qui mieux mieux la langue française. Il est le maître de l’impropriété voulue. Chez lui, un père fier de sa fille s’écriera : “Elle vous dirait tous les rois de France qui ont eu lieu… sans broncher !” (La Station Champbaudet). Il recourt traditionnellement aux répliques en porte à faux. Parfois c’est un dialogue de sourds, comique éprouvé, parfois le personnage entend bien, mais ne comprend pas : “Il parle toujours du nez – Mais le nez est un sujet de conversation comme un autre !” (Les Trente Millions de Gladiator). Plus subtilement, il use des explications qui n’expliquent rien. Pourquoi ne ferait-on pas une friture avec les poissons rouges sur lesquels on vient de s’attendrir : “On mange bien des écrevisses !” (Célimare le bien-aimé). Ou bien ce sont des ruptures qui creusent un non-sens à l’intérieur d’une phrase : “Ce n’est pas pour me vanter… mais il fait joliment chaud aujourd’hui !” (29 degrés à l’ombre).

Tous ces personnages ont un air de famille : vaniteux, égoïstes, pas très francs, experts en phrases vides. Faut-il, pour autant, voir en Labiche, comme on l’a fait de nos jours, le peintre féroce d’une bourgeoisie accusée des pires turpitudes ? En fait, bourgeois lui-même jusqu’au bout des ongles, il a peint les ridicules les plus proches de lui, ceux de ses amis, ceux de sa classe, mais avec le sourire, en ami.

Jacques Robichez professeur honoraire à la Sorbonne

Édition :
Collection :
Reliure : Broché
Nb de pages : 1200
Format (cm) : 199 X 134 X 34
Date de parution : 15 avril 1991
EAN : 9782221066805

Du même auteur



Retour en haut
Retour haut de page