Journal infime

A travers son Journal infime, Claude Morand nous balade dans les méandres de ses souvenirs d’enfance. De sa naissance au printemps de ses 16 ans, elle partage avec nous son regard faussement naïf de petite fille sur les gens et les choses. Et c’est tout un pan de l’Histoire de France qui surgit tout à coup sous sa plume : l’exode, l’occupation, la faim, le froid, le scorbut, le mal de vivre… et la mort. Mais aussi l’espoir et l’art de la débrouillardise qui a permis à tant de familles de supporter l’épreuve.

Un récit emblématique, donc, mais aussi et avant tout, une histoire singulière parfumée de tendresse, d’humanité et de petits bonheurs qu’il est doux de partager. Car, comme le rappelle Dominique Bérody dans la préface de cet ouvrage, Claude Morand est une marchande d’histoires comme l’étaient, dans les faubourgs d’un Paris disparu, les marchandes de quatre saisons.

J’ai l’impression d’avoir quitté la petite enfance à cinq ans et demi pour entrer en onzième au Lycée Camille See. Impression fausse évidemment, car toute ma vie, j’ai pensé : “Ça y est. Je suis sortie de l’enfance”, Alors que j’ai commencé par grandir pour finir par rapetisser. C’est tout ! La sortie de l’enfance, pour faire quoi au juste ?

Je traîne le stylo feutre, les pieds, les mains, le cœur et tout le reste pour ne pas entrer dans l’année 44. Pourtant, Il va bien falloir l’évoquer. Sinon, pourquoi écrire ce journal tellement infime que parfois J’en demeure dans la stupeur ?