Les toilettes de l’entreprise

La direction téléphone à d’autres spécialistes. Ils sont là le lendemain, au nombre de deux, un homme et une femme. Ils n’ont pas non plus de matériel avec eux. Et ils sont habillés d’une façon à laquelle on n’est guère habitués dans une usine, que ça soit à la production ou à la direction.

On les accompagne jusqu’aux toilettes, on leur confie les clés.

Devant les portes des toilettes pour femmes et pour hommes, les deux spécialistes semblent se concentrer.

Ils échangent ensuite quelques murmures, puis, avec la main droite, en direction de la porte des toilettes pour hommes, la femme dessine dans l’air des figures qu’il serait malaisé de reproduire.

Ensuite, sans autre formalité, tous deux pénètrent dans ces toilettes pour hommes.

La direction s’attarde quelques minutes dans le couloir. On s’échange deux ou trois paroles sourdes mais positives.

– Ils sentent quelque chose du côté des hommes, semble-t-il.

– Oui, ils sentent quelque chose.

– Semble-t-il.

Usine Farbo. On y fabrique et décore des flacons en verre pour la parfumerie.

Michel, agent de production, est témoin de la disparition intrigante de son collègue Jérémie dans les toilettes du personnel. Dans un premier temps, personne ne veut le croire et il devient le principal suspect.

La direction et la police soupçonnent même la concurrence d’avoir soudoyé les deux hommes : le premier pour qu’il raconte cette histoire, le second pour qu’il disparaisse dans la nature, dans le but de semer la panique dans l’entreprise, ce qui ne manque pas d’arriver.

Mais à la deuxième disparition, personne ne peut nier l’évidence.

Une pièce qui commence comme un « polar fantastique » pour virer en une farce absurde dont le monde de l’entreprise ne sort pas grandi.