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RICHARD JOELLE

Ta main ou L’aube où Baba Völva s’enflamma


Éphédrine : Il faut dire qu’à force de fréquenter les cimetières, moi, la
solide, la fidèle, la dernière, j’avais fini par épuiser mon quota de larmes.
Pire, par haïr ces fleurs fluettes aux reflets lilas, comme autant de couronnes
tressées autour de ma tristesse, qui envahissaient les tombes de tous ceux
que j’avais aimés. Tous, sans exception. Alors je me fondais dans la nuit,
vide de tout, fanée de n’avoir pu les sauver. Et puis, un soir, j’ai entendu
un cri… une sorte de long sanglot silencieux qui m’attirait vers lui aussi
sûrement qu’un sphinx vers le feu. Je me suis approchée, et je l’ai vue…
Au plus profond d’une forêt d’arbres en pleurs, surgie comme par magie
de cette terre irradiée que l’on disait condamnée, se tenait une femme,
l’une de ces âmes têtues qui brillent comme un phare immense, perdues au
milieu des pierres. Elle luisait sans le savoir, farouche, obstinée, malgré le
vent, les larmes, les coups, et la savoir là me réchauffait le coeur, moi qui
errais, seule, dans l’obscurité.

Édition :
Collection :
Reliure : Broché
Nb de pages : 119
Format (cm) : 200 X 150
Date de parution : 11 mars 2016
EAN : 9782919483402

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