ACTE 1
Scène 1 : Infirmière - Directeur (Ou directrice)
L'infirmière et le directeur entrent
Directeur - Madame Rachel, aujourd'hui c'est un grand jour. La galette des rois !
Infirmière - Je sais, monsieur le directeur. Mais j'espère qu'il n'y en a pas un qui avalera la fève comme l'année dernière. On a quand même eu un mort.
Directeur - Ne vous inquiétez pas, cette année, les fèves sont toutes petites. Si quelqu'un l'avale, ça passera tout seul.
Infirmière - J'ai toujours peur qu'il se passe quelque chose.
Directeur - Au foyer des petits oiseaux, il ne se passe jamais rien. Mme Youp, c'est quoi la devise de notre maison ?
Infirmière - Euh.. Calme.. Tranquillité.. Et repos.
Directeur - Et joie de vivre, madame Rachel ! Joie de vivre !
Infirmière - Mais si jamais il y'en a qui s'énervent, comme l'année dernière ?
Directeur - Vous avez votre matraque électrique ?
Infirmière - Je l'ai toujours sur moi.
Directeur - Votre bombe lacrymogène ?
Infirmière - Mais si ça ne suffit pas ?
Directeur - Vous leur faîtes avaler un petit cachet, ça les aidera à se calmer.
Infirmière – Oui, mais ce sont quand même des malades. Et yen a qui sont bien malades.
Directeur - Madame Rachel ! je vous le dis toujours. Ici, il n'y a pas de malades. Il n'y a que des personnes qui souffrent d'une pathologie légèrement handicapante mais qui ne les empêche pas d'avoir une vie comme tout l'monde. Enfin presque.
Infirmière – Vous allez me laisser toute seule avec eux ?
Directeur - Je n'y peux rien votre collègue est en centre de réanimation depuis trois mois.
Infirmière - Je ne sais pas si c'est une bonne idée, une galette des rois costumée.
Directeur - Au contraire ! Le déguisement permet de se désinhiber.
Infirmière – Ils vont en profiter pour boire.
Directeur - Pas du tout ! Désinhiber, ça veut dire se décomplexer. Le déguisement permet à chacun de sortir un peu de son apparence, en quelque sorte de se décoincer.
Infirmière - Comme le Marcel, lui, il se décoince même à jeun. Un jour, il se prend pour Jeanne d'Arc, le lendemain c'est Napoléon. L'année dernière, il s'était déguisé en mérou. Soit disant qu'il voulait travailler avec le Commandant Cousteau.
Directeur - Complètement idiot. Le Commandant Cousteau n'a jamais embauché de mérous.
Infirmière – (Un peu étonnée par la réponse) Euh.. Mais moi, je ne suis pas déguisée en infirmière ! Moi, je suis la réalité. Je ne vais jamais tenir.
Directeur - Mais si. Il suffit de rentrer dans leur jeu.
Infirmière - Sans compter le Donald et sa Mme Youp ! Ils ne se lâchent pas. Faut voir comment il la regarde. J'ai toujours peur qu'il lui saute dessus.
Directeur - Il ne lui fera pas grand mal.
Infirmière - Y'a rien d'sûr. La Youp est toujours en train de le titiller. Et vas-y que j'te titille ! Un de ces jours, elle va le désinhiber totalement, faudra mieux pas regarder !
Directeur - Vous avez mis du bromure dans la limonade ?
Infirmière – J’ai tout vidé. Avec ce que j'ai mis, ça découragerait un castor, mais le Donald, c'est pas sûr.
L'infirmière avale un cachet
Directeur - Qu'est-ce que vous faîtes ?
Infirmière - C'est un cachet contre l'anxiété.
Directeur - Madame Rachel, vous devez penser à votre santé.
Infirmière - Justement ! Je ne pense qu'à ça.
Directeur – Mais Vous verrez, ça se passera très bien.
Infirmière - Je vais faire le maximum, monsieur le Directeur.
Le cachet fait des effets, l'infirmière devient de plus en plus sûre d'elle.
Directeur - Madame Rachel, je compte sur vous.
Infirmière - Je n'vais pas me laisser faire.
Directeur - C'est bien, madame Rachel.
Infirmière - Ils vont voir comment je m'appelle. (Elle sort sa matraque) Et si y'en a un qui bouge..
Directeur - De la douceur, madame Rachel ! Encore de la douceur, toujours de la douceur..
Infirmière – Vous inquiétez pas, ils vont en avoir, de la douceur.
Directeur - C'est très bien. Mais vous m'excuserez, je ne voudrais pas rater mon rendez-vous. Alors, je vous laisse, et n'oubliez pas, ils sont un peu dérangés, mais en fin de compte ils sont comme nous.
Infirmière – Va pas falloir me chercher !
Le directeur sort
Scène 2 : Infirmière, Xavière, Edmond
Elle avale à nouveau un cachet, fait un signe de croix agite une cloche, puis crie
Infirmière - La galette des rois est prête ! A la bouffe !
Les Dubouille entrent, (costumes très fantaisistes de comte et comtesse. La comtesse brille de partout avec ses bijoux)
Xavière - Ce n'est pas top tôt.
Edmond - Nous avons failli attendre.
Xavière - J'espère que tout est prêt. C'est tellement important, cette tradition.
Edmond - Ne vous inquiétez pas ma chère comtesse. Irma aura fait le maximum, comme d'habitude.
Xavière - Ah ! Irma. Tout est-il en ordre ?
Infirmière - Je ne m'appelle pas Irma. Moi, c'est Rachel.
Xavière - Et bien pour moi, vous vous appelez Irma. J'appelle toutes mes servantes Irma, c'est plus facile pour se rappeler. J'en change tout l'temps.
Infirmière - Je ne suis pas servante, je suis infirmière.
Xavière - Une fermière. Qu'en pensez vous, mon mari ?
Edmond - La même chose que vous, mon épouse.
Infirmière - Vous êtes mariés ?
Xavière - Bien sûr. Je suis la comtesse Xavière Dubouille et voici, mon mari, monsieur le Comte Edmond Dubouille.
Edmond - Un amour fou. C’est.. Comment dire ?
Xavière - Complètement fou ! N'avez vous donc pas reçu un faire-part ?
Infirmière - Première nouvelle.
Xavière - Et bien maintenant, vous le savez. Alors, Irma ? Cette galette, yen aura-t-il assez pour nos gens ?
Infirmière - Bon, on va jouer l'jeu, puisqu'il paraît qu'il faut jouer le jeu. Oui madame la comtesse, on a mis le paquet.
Xavière - Tant-mieux ! Il faut toujours mettre le paquet ! N'est-ce pas Edmond ?
Edmonde - (Il s'approche d'Irma) A propos de paquet, vous savez que vous avez de beaux yeux..
Xavière - Cessez Edmond ! Vous voyez bien qu 'elle a autre chose à faire !
Infirmière - (Menaçante) Vous voulez d'la galette ?
Xavière - Mais bien sûr qu'il en veut ! Edmond, laissez donc notre Irma tranquille. Sinon nous allons encore manger froid.
Edmond - Après la galette, peut-être .. ?
Xavière – Edmond ! A chaque fois que vous tournez autour d'une servante, vous nous faîtes un petit, et nous sommes obligés de la renvoyer. Edmond, vous n'êtes pas raisonnable. C'est tellement difficile à trouver, le personnel, de nos jours.
Edmond - Je n'y peux rien. Chez les Dubouille, c'est la tradition.
Xavière - Ah cet Edmond.. Il ne changera jamais. Enfin, il faut mieux les voir comme ça qu'au cimetière. Irma, nos invités sont-ils arrivés ?
Infirmière - (Très lasse) Ils ne devraient pas tarder.
Xavière - Bien. (Voyant la galette) C'est donc cela, cette galette. Mais je ne vois pas la fève. Il n'y a pas de fève ?
Infirmière - Elle est dans le gâteau.
Xavière - Dans le gâteau ? Qu'est-ce qu'elle fiche dans le gâteau ?
Edmond - (Un peu lubrique) Elle attend qu'on la découvre, ma chère..
Xavière - Qu'on la découvre ! Oh Edmond ! Edmond ! Edmond ! Ah celui-là.. Si je ne me retenais pas...
L'infirmière, très lasse soupire
Edmond - On mange maintenant ?
Xavière - Allons. Nous ne toucherons pas à cette galette avant que nos invités soient tous arrivés. Irma, allez donc voir s'ils arrivent.
Infirmière - Je m'appelle Rachel..
Xavière - Irma. Ne faîtes pas votre effrontée. Allez donc voir. Nous n'avons que trop attendu.
Infirmière - (Elle sort) Tous cinglés..
Scène 3 : Edmond, Xavière, Poète (ou Poétesse)
Xavière - Quelle insolente ! Les bonnes manières se perdent. Tout de même, un peu de considération, est-ce trop demander ?
Le (ou la poète) entre. Il est vêtu d'une grand tunique blanche (ou autre au choix des comédiens).
Poète - En ce doux temps de la galette,
Je rêvassais au firmament
Que je voyais de ma fenêtre
En attendant le grand printemps !
Xavière - Mais que c'est beau ! Que c'est beau ! Vous avez entendu, Edmond ?
Edmond - Ma chère, je l'envie.
Poète - Je n'ai de mérite
Que lorsque les choses sont dites,
Et que si je les taisais,
Jamais on le saurait.
Xavière - Ca c'est quelqu'un qui sait causer !
Edmond - Et pour aujourd'hui, nous avez vous composé un de ces sonnets dont vous avez le secret?
Poète - Bien sur. Je suis très sonnets.
Xavière - Oh oui ! Un sonnet ! Un sonnet !
Poète - Un sonnet qui sonne et qui résonne !
Je n'y avais pas encore pensé,
Mais lorsque l'heure du sonnet sonne,
Je ne puis que vous le dédier.
Xavière - La vache !
Poète - Merci.
Scène 4 : Edmond, Xavière, Poète (ou Poétesse), Marcel
Marcel entre. Il salue.
Marcel - Madame la comtesse ! Monsieur le Comte !
Xavière - Monsieur Marcel !
Marcel - Lui-même. (Voyant le poète) Et ce cher poète !
Poète - Jamais poète ne manque la galette !
Na pas la déguster serait beaucoup trop bête.
Xavière – C’est incroyable ! Mais comment il fait ?
Poète - Cela me vient tout seul.
Edmond – (A Marcel) Mais en quoi êtes vous donc costumé ?
Marcel - En Marcel.
Edmond - En Marcel ?
Marcel - Marcel, c'est mon vrai prénom Et aujourd'hui, j'ai décidé d'être moi-même, pour changer.
Xavière – Il s’est déguisé en lui-même ! Quelle idée originale !
Edmond - L'an dernier, vous étiez dans Napoléon.
Xavière - Oh oui ! Le coup de la main dans son pantalon, j'ai adoré.
Marcel - C'était à cause de l'estomac. Napoléon avait toujours des problèmes de digestion Je voulais rentrer dans la peau du personnage.
Edmond - Vous avez raison, il faut toujours rentrer quelque part.
Marcel - Avant, j'étais plombier. Plombier chauffagiste.
Poète - Quelle joie d'être plombier et de plus chauffagiste,
Avoir été autr' chose eut été bien trop triste !
Xavière - J'ai toujours rêvé de rencontrer un plombier. C'est tellement difficile de nos jours.
Poète - Un plombier, ça se mérite !
Autant qu'un boucher, et bien plus qu'un dentiste !
Marcel - Au fait ! Monsieur Donald et madame Youp ne sont pas là ?
Xavière - Irma est partie les chercher.
Marcel - Irma ?
Xavière - La fermière.
Edmond – Non point. La fille mère.
Xavière - J'espère que ce ne sera pas trop long.
Marcel - Ils sont toujours cachés quelque part ! Hier, je les ai retrouvés dans la machine à laver. Vous savez, la grosse machine à laver.
Xavière - Ah oui ! Elle est énorme ! On y laverait un ch'val !
Edmond - Qu'est-ce qu'ils fichaient donc dans la machine à laver ?
Marcel - J'ai ma petite idée.
Xavière - Dans une machine à laver ! C'est du propre !
Edmond - Ils ont bien le droit, et puis ils vont si bien ensemble.
Xavière - Vous verrez, ils finiront par nous faire des enfants.
Marcel - A force, ils finiront peut-être par y arriver.
Poète - Cent fois sur le métier, remets ton ouvrage !
Tout ça finira bien ou bien finira mal,
Par un énorme banquet durant un ma ri age.
Xavière – Ah ! Ces mots ! Mais ces mots !
Poète - Les mots sont bien plus que des mots,
quand ils soignent les maux.
Xavière – Naturellement, mais en attendant, cela reste un péché. Il ne faut pas de relation avant le mariage. Qui c'est qu'à dit ça déjà ?
Edmond - Monsieur le curé.
Xavière - Ah oui, celui qui avait quitté sa bonne.
Edmond - Ah non, c'était le sacristain.
Marcel - Et bien, moi, je serai volontaire pour être témoin à leur mariage.
Xavière - Et moi je ferai avec joie la demoiselle d'honneur.
Edmond - Et moi ?
Xavière - Vous passerez les petits fours, mon ami. Vous êtes imbattable en petits fours.
Poète - Et moi, je clamerai des vers
De toutes les couleurs !
Tout en levant mon verre
Au bonheur de deux cœurs !
Xavière - Et il sort ça comme ça !
Poète - Merci.
Scène 5 : Edmond, Xavière, Marcel, Infirmière, Donald, Mme Youp, Poète
L'infirmière revient avec Donald et Madame Youp qui se tiennent par la main. (Madame Youp est en princesse et Donald en prince charmant).
Donald - On s'excuse pour le retard.
Mme Youp - Le lavage n'était pas terminé.
Xavière - Les voilà ! Mon dieu qu'ils sont beaux !
Marcel - Y'a pas à dire, ils vont bien ensemble.
Edmond - Mme Youp, elle irait avec tout.
Donald – (A Edmond) Ca vaux dire quoi, elle irait avec tout ?
Edmond - C'est un compliment.
Xavière - Ne vous offusquez pas, Donald, il dit ça à tout l'monde ! Avant, il me disait la même chose ! Dès que j'enfilais un truc, il était comme un maquereau devant une crevette.
Edmond - Je ne regardais pas que l'emballage..
Poète - Pour l'emballage, il n'y a pas d'âge,
mais peut-être y en a t-il
un peu au déballage.
Marcel – Pardonnez moi mais je my’ connais un peu, et ces dames sont encore très regardables.
Xavière - Très regardable. Vous entendez ça, Edmond ? C'est trop gentil.
Mme Youp - Qui qu’il a dit ?
Donald - Que vous valiez le détour.
Mme Youp - Ah non. Je ne bougerai pas !
Infirmière – Bien ! Alors ! On la bouffe, cette la galette ?
Xavière - Ouais ! .. Excusez-moi.
Infirmière - Bien. Alors, nous sommes sept, ce qui fait..
Mme Youp - Une part chacune !
Infirmière - Bien... Alors... (Elle coupe la galette) Nous allons tirer les rois.
Xavière - Et pourquoi pas les reines ! .. C'est vrai ça, c'est toujours les mêmes.
Poète - Tirer les reines, ce serait une une belle..
Infirmière - La ferme ! Qui c'est qui va sous la table ?
Mme Youp - Moi !
Donald - Moi aussi !
Xavière - Moi, je ne suis jamais allée sous une table.
Marcel - Un jour, je suis allé sous un lavabo.
Infirmière - Ok.. Monsieur Dubouille ! Sous la table.
Xavière - Comment ?
Infirmière - Monsieur le Comte, sous la table !
Edmond - Tout seul ?
Infirmière - Qu'est-ce que j'ai dit ?
Xavière - Pourtant, mon ami. Vous n'avez jamais dédaigné un dessous de table. (Elle rit) Un dessous de table ! C'était sa spécialité.
Personne ne rit. Edmond va sous la table.
Infirmière - Bien. On commence. Madame la Comtesse, vous allez servir.
Xavière - Oh non ! Moi ! Je n'ai jamais servi.
Edmond - C'est vrai, elle n'a jamais servi !
Infirmière - C'est moi qui décide ! Alors, première part, c'est pour qui ?
Edmond - Ma femme !
Xavière - C'est moi !
Infirmière - Deuxième !
Edmond - Donald !
Donald - Madame Youp d'abord.
Infirmière - Suivant !
Donald - Marcel !
Infirmière - Plus vite !
Edmond - Donald !
Infirmière - Et le dernier pour vous.
Poète - Le dernier de la part du gâteau
Ne sera pas le dernier !
A dire son dernier mot !
Infirmière - Tais toi et mange !
Edmond sort de sous la table. Les autres commencent à manger en s'observant en silence.
Mme Youp - On va avoir un roi !
Xavière - Ou une reine..
Edmond - Une reine, pour quoi faire ?
Xavière - Mon ami, si vous n'aimez pas les femmes, n'en dégoûtez pas les autres.
Infirmière - Vous savez que celui qui aura la fève sera dispensé de vaisselle pendant une semaine.
Xavière - Et aussi de faire des petites choses qu'on ne fait pas d'habitude.
Edmond - Ou de ne rien faire du tout.
Xavière - Ah mon mari, vous feriez un excellent roi.
Edmond - Quel genre de roi ?
Xavière - Un roi fainéant.
Poète - Un roi qui ne fait rien
Ne fait de mal à personne.
A la rigueur du bien.. Euh...
Comme dirait Simone.
Tout le monde rit puis recommence à s'observer silencieusement en mangeant.
Donald - Il crie ! Aie !
Mme Youp - C'est Donald ! Il a la fève !
Donald - Ah ben non, c'est une dent.
Soudain, Marcel s'illumine. Il exulte.
Marcel - C'est moi ! C'est moi qui a la fève !
Xavière - Comment est-ce possible ?
Marcel - C'est moi le roi ! Ma couronne ! Je veux ma couronne !
Xavière - Et bien crotte ! C'est lui.
Marcel - Ma couronne !
Infirmière - Ca vient. (L'infirmière met la couronne sur la tête de Marcel).
Marcel - Maintenant, faut crier vive le roi !
Xavière - Ah bon ?
Marcel - J'entends rien. Allez, tout le monde crie.
Tous - (Avec peu d'enthousiasme) Vive le roi.
Marcel - Plus fort !
Tous - Vive le roi !
Edmond – Félicitations, votre altesse.
Xavière – Lèche-derche.
Edmond - Pardon ?
Xavière - Ca veut dire lèche-cul.
Poète - Le roi de la galette
N'est ni méchant ni bête
Il est bien plus que cela,
Il est tout à la fois.
Marcel - J'comprends rien à c'qu'il dit.
Edmond - C'est normal, c'est un poète.
Donald - Bon. Maintenant qu t'es le roi, on va boire un coup.
Marcel - Comment ? Tu entends comment tu me parles ? Menaçant) On ne tutoie pas le Roi !
Donald - On peut quand même boire un coup ?
Marcel - Je suis le roi, et donc, je fais ce que je veux, comme je veux à qui je veux, (S'adressant à l'infirmière) N'est-ce pas ?
Infirmière - C'est vrai, c'est complètement con mais c'est comme ça. Le roi de la galette a tous les droits.
Marcel - Alors, c'est moi qui dit ! Euh.. Qu'est-ce que j'dis déjà ? .. Ah oui ! (Il crie) On boit un coup !
Infirmière - (En soupirant) Tout de suite, votre Majesté.
L'infirmière remplit les verres
Mme Youp - Mais comment allez vous vous appeler, Majesté ?
Marcel - Euh... Marcel !
Mme Youp - Marcel comment ?
Marcel - Marcel 1er !
Donald - A la santé de Marcel !
Marcel - 1er !
Poète - Marcel Premier ne sera jamais le dernier !
Car après Marcel viennent ensuite ses sujets !
L'infirmière prend un cachet et l'avale.
Xavière - (La dénonçant) Irma a avalé quelque chose ! Votre Majesté, je l'ai vue !
Marcel - On avale dans mon palais ?
Infirmière - C'est un petit cachet contre l'anxiété.
Marcel - Contre l'anxiété ? Il faut rendre à Marcel ce qui est à Marcel. Gardes ! Saisissez vous d'elles, et donnez moi ça
Donald - C'est qui les gardes ?
Marcel - C'est vous.
Donald Et Edmond se précipitent.
Donald - (En criant) Elle est là !
Poète - Le roi a la fève et le peuple a la fièvre !
Au cachot ou en cachets, le roi saura le soigner.
Edmond - Voilà votre Majesté.
Marcel - Des bonbons !
Infirmière - C'est pas conseillé.
Marcel - Ce qui est bon pour vous est meilleur pour moi. (Il en avale une poignée et donne le reste aux autres qui en avalent aussi)
Tous - (Sauf l'infirmière) Vive le roi !
Xavière - Si je puis me permettre, votre Majesté, elle mérite un châtiment. Par exemple, on pourrait lui couper quelque chose.
Edmond - La tête ?
Xavière - La tête, c'est pas bête.
Donald - C'est pas possible ! L'an dernier, quand j'étais roi, j'ai aboli la peine de mort.
Marcel – C’est malin ! .. Fouillez la !
Infirmière - (Elle sort sa matraque de sa poche et les menace). Le premier qui bouge, il va appeler sa mère !
Mme Youp - Mais c'est quoi ce truc ?
Xavière - Je crois savoir ce que c'est..
Mme Youp - Moi aussi !
Infirmière - Je vous préviens, ça marche avec des piles !
Marcel - Mais alors, comment ça fonctionne ?
Madame Youp saisit la matraque et électrocute l'infirmière.
Mme Youp - Comme ça.
L'infirmière s'écroule.
Marcel - Oh madame Youp. Vous êtes excellente. Ca mérite une récompense.
Mme Youp - Une récompense ? Des sous ?
Marcel - Une médaille ! Une grande médaille ! Moi, Marcel.. 1er.., Machin !
Mme Youp - Majesté, je ne m'appelle pas Machin.
Marcel - Ok. Machine ! En ce jour de l'an de grâce, euh .. De grâce à moi, décore Machine de l'ordre du grand robinet de bronze !
Mme Youp - Le grand robinet de bronze ?
Marcel - Des robinets faits main, signé Marcel. Alors, heureuse ?
Mme Youp - Ben..
Marcel - Je peux en donner une autre. Le mérite agricole ? Le mérite piscicole ? Le mérite viticole ? Le mérite espagnol, et aussi la médaille d'honneur du club de Pétanque de Dunkerque.
Mme Youp - Cela est un peut-être un peu lourd à porter.
Marcel - Je comprend. Et puis une femme est tellement décorative qu'elle n'a nul besoin d'en rajouter.
Poète - Majesté, ce sont là des mots que je n'aurai pu dire moi-même. Majesté, jamais je ne parviendrai à me hisser à la hauteur de votre éloquence ! .
Marcel - Toi. Un conseil. Cause français. J'aime pas qu'on se foute de ma gueule.
Donald - Et la rebelle, votre Majesté, qu'en fait-on ?
Marcel - Mettez là au cachot !
Xavière - Bravo Majesté ! J'aurais fait la même chose !
Marcel - La vache ! J'ai une de ces pêches, moi.
Mme Youp - Ca doit être les cachets. Ca désinhibe.
Poète - Un cachet qui désinhibe, Nul besoin d'un toubib !
Et pour son éminence, nul besoin d'ordonnance !
Marcel - Alors désinhibons nous un bon coup ! Et vive moi !
Tous - (Sauf Marcel) Vive vous !
Ils avalent tous des cachets.
Donald - Et maintenant, qu'est ça qu'on fait ?
Marcel - Je vais réunir mon conseil de gouvernementance.
Xavière et Mme Youp - Oh oui ! Le conseil ! Le conseil
Marcel - Ben non. Pas vous.
Xavière - Mais pourquoi votre Majesté ?
Marcel - Parce que !
Poète - Et moi ?
Marcel - Machin, vous serez mon scribe, mon porte-parole, mon souffleur officiel, et mon premier bouffon.
Poète - Mais majesté, je suis un poète.
Marcel - C'est bien ce que je disais. Et vous allez écrire un hymne.
Poète - Un hymne à quoi ?
Marcel - Un hymne à ma gloire.
Poète - Un hymne, c'est merveilleux. O majesté, je sens l'inspiration monter déjà en moi.
Marcel - Fais en sorte en sorte d'éviter qu'elle redescende !
Poète - Majesté, je cherche déjà mes mots.
Marcel - Et bien, va chercher un dictionnaire.
Mécontentes, madame Youp et Xavière sortent en emmenant l'infirmière. Le poète les suit.
Poète - Là où je vais, déjà je sais.
Que j'y suis déjà, déjà par la pensée.
Scène 6 : Edmond, Marcel, Donald
Marcel - Je déclare le conseil de gouvernementance ouvert !
Il s'assoit. Les autres veulent s'asseoir.
Marcel - Pas vous !
Edmond - Mais sire ?
Marcel - C'est ça, cire mes pompes !
Aussitôt Edmond se met à quatre pattes pour nettoyer les chaussures du roi.
Marcel - Bien. Des questions ?
Donald - Oui.
Marcel - Voici mes réponses.
Donald - Mais, Majesté ? J’ai rien questionné.
Marcel – Hugh ! J'ai dit.
Edmond - Euh.. Majesté. Hugh, c'est un terme un peu indien.
Marcel - Et Hugues Capet ?
Edmond - Bravo Sire. Vous avez toujours réponse à tout.
Marcel - Je sais. Allez me chercher madame Zazai.
Edmond - Mais votre Altesse, madame Zazai ne quitte jamais sa chambre.
Donald - De plus, elle ne sait même pas que c'est sa chambre.
Edmond - Elle ne se souvient de rien, pas même de son nom.
Marcel - Elle se souviendra de moi, je suis inoubliable.
Xavière - Bien alors, j'y vais.
Edmond sort
Scène 7 : Marcel, Donald
Donald - Sire, ne trouvez vous pas qu'il ne fait pas chaud pour la saison ?
Marcel - Chaud dans nos cœurs, pas de radiateurs !
Donald - Ils ont annoncé de la pluie dehors.
Marcel - Pluie au dehors, bateau reste au port !
Donald - De mon temps, le temps n'était pas l'même.
Marcel - Votre temps a fait son temps.
Donald - Sinon, la santé.. Ca va ?
Marcel - Tant qu'on n'est pas mort, c’est qu’ça va encore !
Scène 8 : Marcel, Donald, Edmond, Zazai
Edmond revient avec madame Zazai qui est vraiment très vieille.
Zazai - Mon fils !
Marcel - Qui qu'è dit ?
Edmond - Je crois qu'elle vous prend pour son fils. Elle a tout oublié. Elle ne sait même pas qui elle est.
Marcel - Ce n'est rien, du moment qu'elle sait qui je suis.
Zazai - Mon fils (Elle veut le serrer dans ses bras)
Marcel - Qui qu'è fait ?
Edmond - Je crois qu'elle veut vous embrasser.
Marcel - C'est pas un peu risqué ?
Donald - Vous ne sentirez rien.
Marcel - Bon. D'accord. Mais alors vite fait.
Zazai - (En lui faisant la bise) Tu vas être en retard à l'école.
Marcel - Qui qu'è dit ?
Edmond - Elle dit que vous allez être en retard à l'école.
Donald - Qu'est-ce que vous allez en faire ?
Marcel - Je vais en faire la reine mère !
Donald – Seulement, ce n'est pas tout à fait votre mère..
Marcel – Une mère est toujours une mère. Je vais l’adopter.
Edmond - Mais Majesté.. Vous ne pouvez pas adopter une mère.
Marcel - Si une mère peut adopter un fils, alors un fils peut adopter une mère. Donnez lui sa couronne.
Edmond prend une couronne sur la table
Marcel - (Il pose la couronne sur la tête de madame Zazai) En vertu de moi-même, madame, je vous nomme à partir de ce jour Reine mère de mon royaume !
Zazai - Y'a pas de gâteau ?
Marcel - Machin ! Donnez lui un bonbon royal.
Donald donne un cachet à Zazai qui l'avale.
Zazai - Ton père est encore au café !
Marcel - Impossible, il est mort.
Donald - Mais son souvenir reste dans nos cœurs comme une fraise dans une tarte aux fraises, Majesté.
Marcel - Ca s'voit que tu ne l'as pas connu.
Zazai - Son père, c’était un con !
Marcel - Bien. Puisque nous sommes réunis autour de moi, je vais procéder à la formation de mon gouvernement. Et d'abord de mes ministres. Alors, premier ministre.. Machin ?
Edmond - Présent !
Marcel - J'ai pas dit qui c'est qui y'est. l'autre Machin ?
Donald - Je suis là.
Marcel - Alors.. Un.. Deux.. Deux candidats. Madame mère, qu'en pensez vous ?
Zazai - A quelle heure on mange ?
Marcel - Ok. Pour le premier ministre, iI y a deux méthodes pour choisir. La première, vous vous battez en duel et je prend celui qui n'est pas mort.
Edmond - C'est quoi la seconde ?
Marcel - Je prend l'autre.
Edmond - Majesté, vous êtes sûr ?
Marcel - Ok. On va vous tirer au sort. (Il met ses mains derrière son dos) Choisissez une main
Edmond - Euh...
Marcel - Celui qui choisira la main que j'aurai choisi sera celui que je choisis.
Donald - Et l'autre, qu'est-ce qu'il aura comme fonctions ?
Marcel - 2ème ministre. Ministre de l'emploi, de la guerre, des ponts et chaussées, sous secrétaire d'état au chômage des retraités, ministre de la bonne santé, de la sécurité routière, du sport en plein air, du sport à l'intérieur, de la planète Mars, du comité des fêtes et des épiceries ouvertes le week-end. .. Alors ?
Donald - Euh.. Après vous, très cher..A vous l’honneur de choisir.
Edmond - Je n'en ferai rien..
Donald - Non merci. Sans façon..
Marcel - On va pas y passer la s'maine !
Edmond - La proposition à droite !
Marcel - Et l'autre ?
Donald – Ben, la gauche.
Marcel - Donc tu es de gauche.
Donald - Pas vraiment, mais comme la droite est déjà prise.
Marcel - Vous auriez pu dire tous les deux la droite.
Donald - Bon, alors, la droite..
Marcel - Trop tard ! Machin, je te nomme premier ministre à droite du royaume !
Edmond - Oh c'est trop. Alors là, ça me fait drôlement plaisir. Euh.. C'est payé combien ?
Marcel - Rien du tout !
Edmond - C’est trop Majesté, je ne sais si je mérite. .
Marcel - Après dix ans d'ancienneté, tu pourras avoir une médaille.
Donald - Et pour moi ?
Marcel - Déjà des réclamations ?
Donald – Non, mais je disais ça comme ça.
Marcel - Alors, dis autre chose.
Donald - Sire, vous avez raison. Le service d'abord !
Edmond - Vive le roi ! Vive sa mère ! Longue vie au roi !
Marcel - Maintenant, passons aux choses sérieuses.
Donald - Une chose sérieuse, Majesté ?
Marcel - J'ai décidé de me marier.
Edmond - Vous marier ? Avec qui ?
Marcel - Avec une femme si possible.
Donald - Pour quoi faire ?
Marcel - Pour me reproduire. Un roi tel que moi n'a qu'un devoir, celui d'assurer la suite.
Edmond, Donald - Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?
Marcel - Vous rien.
Edmond - Ca va pas être simple
Marcel - Ah ! Pendant que j'y pense, j'en voudrai deux.
Donald - Deux ! Mais la bigamie est déconseillée.
Marcel - Quand on aime, on n'compte pas.
Donald - Vous voulez une femme comment ?
Marcel - Je jugerai sur pièce.
Edmond - Quelle couleur ?
Marcel – Je m'en fous ! Démerdez-vous. Je me retire dans mes appartements. Envoyez y les femmes que je me rende compte. .. Mais pas toutes en même temps.
Edmond - Ma femme aussi ?
Marcel - Envoyez la tout d'suite !
Edmond - Elle vous connaît à peine ?
Marcel - C'est pas pour faire connaissance !
Zazai - J'ai faim !
Marcel - Mettez là en cuisine, qu'elle bouffe !
Marcel sort. Edmond accompagne la reine mère.
Scène 9 : Donald, poète
Le poète entre
Poète -...