

Cette comédie grinçante en rase campagne russe est construite en une escalade de situations grotesques à partir d'un non-événement : un homme qui voulait manger du saucisson.
Préface de Béatrice Picon-Vallin : Vertiges du grotesque. "Ce qu'un vivant peut penser, seul un mort peut le dire." Nicolaï Erdman. "C'est une pièce sur les raisons qui nous ont fait rester vivants, alors que tout nous poussait au suicide." Nadejda Mandelstam. En 1925, un jeune auteur de 25 ans, Nicolaï Robertovitch Erdman (1900-1970), est porté au sommet de la gloire. Sa première grande pièce, "Le Mandat", jouée au GosTIM à Moscou, remporte un triomphe dans la mise en scène de Vsevolod Meyerhold. Il écrira "Le Suicidé", sa seconde pièce qui, interdite, ne sera jamais jouée en U.R.S.S. de son vivant, puis abandonnera toute velléité d'écriture dramatique conséquente, parvenu qu'il est «à la triste conviction qu'il n'est pas utile»... Dans les encyclopédies soviétiques, on se trompera sur sa date de naissance et quand, vingt ans après sa mort, on publie enfin en 1990 un ouvrage rassemblant ses oeuvres, c'est la version censurée dans les années trente du "Mandat" qui est choisie ! Nicolaï Erdman, petit homme mince, calme, à la diction curieusement bégayante, est arrêté en octobre Meyerhold n'a donc jamais pu monter le spectacle à la fois très théâtral et très contemporain dont il rêvait, capable d'ouvrir un débat dans la salle, d'aiguiser les contradictions, de diviser le public et d'accentuer les positions de chaque spectateur. Pourtant, le lien qui le lie à Erdman est extrêmement profond. En témoigne cette lettre adressée à Meyerhold en 1937, où l'auteur au destin tragique écrit : « Avoir son théâtre, c'est le bonheur le plus rare, le plus difficile et le plus grand pour un auteur dramatique. Pendant treize ans, je me suis considéré comme un auteur heureux, parce que j'avais un théâtre que je pouvais appeler mon théâtre, et ce bonheur m'emplissait d'une extrême fierté, parce que mon théâtre était votre théâtre. »
Détails
Du même auteur
LE MANDAT de Nicolaï ERDMAN, traduction d'André MARKOWICZ.