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Philippe Caubère

68 selon Ferdinand


Après Claudine et le théâtre, deuxième volet du cycle l’Homme qui danse.

Roger. – (…) J’suis pas d’accord, là ! On fait une répétition publique pour que tout l’monde dise des trucs et on se retrouve dans la position de créateurs qui créent entre eux. C’est con, putain. Mesdames, messieurs, chers camarades, si vous avez des trucs à dire, dites-les, merde ! Des trucs qui vous travaillent, qui vous ballonnent : balancez-les ! Attendez, mais… vous pouvez créer. Vous devez ! Y a en vous des possibilités de création fabuleuses ! Et là, vous les gardez comme des cons. Allez-y, putain : crachez ! Crachez quelque chose. L’imagination est au pouvoir, merde ! (Nostalgique à nouveau.) Putain, c’est beau ! J’te jure, Michel : c’est beau. Ce théâtre tout noir, là… ces mecs qui créent entre eux, pis c’public silencieux, mais qui, par son silence, ben… crée avec eux, j’trouve ça… bien, quoi. Ouais : bien. J’m’excuse, Michel, mais j’trouve ça bouleversant. C’est le rêve de Jean qui se réalise. Vilar, ouais. Vilar. (Protestations et invectives de tout le groupe.) Je sais, c’est un pourri. Mais ce soir, j’sais pas pourquoi, j’pense à lui. A Julian. A Judith. A c’qui s’est passé l’an dernier… – Ouais, je sais, j’y étais pas, mais j’ai des copains qui m’en ont parlé – et j’veux dire, ben… là, rien qu’d’y penser, j’me sens vraiment au bordel… (Violent sanglot.) Pardon, j’m’excuse, j’suis bouleversé. J’voulais dire : au bord des larmes. Ouais, exact : j’me sens au bordel/armes. J’suis heureux, c’est tout. D’avoir vécu ça, quoi. De n’pas être mort plus tôt. D’êt’là, parmi vous. (Il sanglote.) J’suis heureux, putain ! J’suis heureux, Michel.

Édition :
Reliure : Broché
Nb de pages : 240
Format (cm) : 200 X 130 X 20
Date de parution : 2 octobre 2002
EAN : 9782844121134

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