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Vsevolod Meyerhold

Ecrits sur le théâtre - Vol - 2 - 1917-1930


L’aventure de Vsevolod Meyerhold des années 20, c’est celle d’un
artiste qui s’engage résolument et rapidement aux côtés de la Révolution,
parce qu’il ne peut séparer révolution politique et révolution théâtrale.
Son «Octobre théâtral» ouvre la scène à la rue, au travail corporel
(biomécanique) et à l’analyse politique. L’étude des grandes traditions
commencées dans les années dix s’approfondit. Le plateau devient un
laboratoire, esthétique et politique, où l’on expérimente et élabore des
techniques complexes, où l’on prend tous les risques.

On verra, dans ce volume fortement augmenté, les incroyables obstacles
rencontrés dès 1918 à Moscou par Meyerhold pourtant membre
du parti communiste, les fermetures ou menaces de fermeture de
son théâtre, ses polémiques violentes avec ses disciples, les liens tissés
avec E. Vakhtangov… On comprendra mieux l’intérêt pointu porté par
le metteur en scène aux «neurosciences» de son époque et son approche
scientifique et musicale du jeu d’un acteur-poète.

Meyerhold remet en cause, radicalement, tout le théâtre. Il dénude
la scène en y installant la machine à jouer constructiviste, il utilise les
techniques de cirque, de cinéma, et toute son immense culture plastique
et musicale. Il pratique collage et montage dans un travail dramaturgique
poussé sur le grand répertoire classique russe – ce qui lui
permet de regrouper autour de lui de nouveaux auteurs (N. Erdman).

1917-1930, c’est aussi la période de collaboration avec V. Maïakovski,
l’«ami bien-aimé». Avec le suicide du poète, Meyerhold perd un de ses
grands soutiens. Une corde se brise et l’on parle déjà de cette chose suspecte
que serait le «meyerholdisme»… Cet ouvrage dont la construction
nouvelle cherche à rendre toute l’effervescence créatrice de l’artiste-chercheur,
curieux de tout et présent sur tous les fronts, se termine
sur cette date tragique.

Quatorze spectacles dont pas un ne répète l’autre en quatorze ans
à peine – sans compter les travaux de laboratoire, les projets avortés
(neuf au théâtre et au cinéma), la participation à des spectacles réalisés
par d’autres. Des textes de critiques ou de collaborateurs ont été introduits
dans ce livre pour que le lecteur puisse se faire une meilleure idée
des spectacles et des débats passionnés qu’ils soulevèrent. Ce corpus
«étranger» complète le corpus meyerholdien – proclamations, manifestes,
interventions, exposés, entretiens, cours, conférences, programmes
de travail, articles – produit dans le feu de l’action. Meyerhold
crée et parle beaucoup en ces années-là, d’où les guillemets qu’il faudrait
sans doute mettre à «Écrits» sur le théâtre pour ce tome 2.

«Le trésor» disait S. Eisenstein en parlant des archives de son
Maître qu’il eut par la suite le courage de cacher. Pour nous aussi, sans
aucun doute, encore un trésor…

Béatrice Picon-Vallin

Édition :
Collection :
Reliure : Broché
Nb de pages : 422
Format (cm) : 23 X 16 X 2.4
Date de parution : 17 avril 2009
EAN : 9782825137802

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