Jardin ouvrier

François : C’est idiot de passer devant monsieur le Maire pour…

Madeleine : François est un curieux mélange de conformiste et d’anarchiste, cela dépend de ce qui l’arrange.

François : N’empêche que je trime du soir au matin comme un… Arabe.

Farid : J’suis français, Monsieur.

François : Je sème mes fleurs.

Farid : Nous aussi !

Delphine : Des petits arabes, blancs, métis, toutes les couleurs, un arc-en-ciel de vie.

François : Tu vois, Madeleine, si on se mariait, tu prendrais un coup de vieux, d’un seul coup… Grand-mère !

Madeleine : Mais je me ferais toujours bouffer par le gros méchant loup.

Delphine : On veut tout. Filles, garçons, chiens, chats…

Madeleine : Combien ?

Delphine : Une équipe de foot !

François : Taisez-vous !

Farid : Il n’aime pas le sport !

Dans un jardin ouvrier, s’affrontent un vieil homme bourru, une femme sensuelle, un jeune homme d’origine maghrébine et une jeune femme moderne. Les mots éclipsent les illusions : l’homme serait bon, la femme légère, le jeune homme intégré, la jeune femme insouciante.

Alors apparaissent les âmes… blessées, brisées les paradoxes… inquiétants, confus le passé… gommé, amnistié les souvenirs… pénibles, saturés.

La comédie se tord, se disloque, se métamorphose, ange ou bête, vaudeville ou drame, et retombe sur ses vers… inéluctable. Et le jardin ouvrier, espace de liberté, de poésie, de silence, mute en champ de bataille.

Sans happy-end.

Après de nombreux courts ou longs métrages et quelques romans, Jean Marboeuf s’essaye avec succès au théâtre. Il nous livre des personnages touchants dans leur fragilité, aux prises avec un passé qui les rattrape et ne les lâchera plus.