Le calme

Elle : J’étais dans le train seule dans le compartiment je regardais le reflet de mon visage il n ‘est que sur les vitres que je me suis vue belle

La nuit s’effaçait

J’arrivais chez toi enfin rassurée d’être si transparente dans les boulevards passant devant les odeurs de café marchant avec lenteur sans savoir où était ta rue sans craindre de ne pas la trouver et je l’ai trouvée simplement après d’autres rues j’ai pu lire ton nom décoloré sur la sonnette j’ai pu monter sans sonner ouvrir sans frapper entrer à pas feutrés te surprendre sans te surprendre et entendre ton sifflement

Ton sifflement

Mêlé à celui de la bouilloire vers laquelle tu dirigeais tes yeux le dos voûté une main s’appuyant au rebord de l’évier tandis que ton regard lui s’était tourné vers ailleurs

Un ailleurs aux contours imprécis qui ressemble si je comprends à ce qu’il y a dans les rêves

Je t’ai vu anéanti

Lui : J’ignorais que tu viendrais à cet instant

J’aurais fait un essai un effort pour travestir rassembler mes forces les concentrer sur l’apparence

Tu m’as surpris dans mon lapsus persistant de solitaire

Le calme

Soudain elle est là, plus belle encore que le souvenir. Venue à cause de sa dernière lettre. La dernière des deux cent vingt-huit lettres qu’il lui a écrites. En douze ans. Ou treize ? Elles les a toutes lues, numérotées, classées. Sans jamais les relire, sauf la première…

Bach et fils

Jean-Sébastien Bach, artisan, musicien, livreur en camion de Bach et fils, fabriquant de musique…

Un étrange petit monologue hors du temps et du raisonnable.