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L’enfant qui meurt


À l’origine, une intuition : «l’enfant qui meurt» comme motif
récurrent dans le théâtre du monde, d’Occident en Orient. Par-delà
tout ce qu’un tel décès procure comme désarroi et deuils personnels,
le motif cristallise un rapport au monde, révèle des stratégies de
pouvoir, concentre les peurs d’une époque.

Des Grecs aux Romains, de Shakespeare à Racine, «l’enfant qui
meurt» renvoie à des comportements mythiques ou à des stratégies
politiques. Au terme du XIXe siècle le motif gagne en fréquence et
se retrouve constamment chez Tchekhov ou Ibsen, Maeterlinck ou
Hauptmann. Les raisons de ces décès divergent mais elles semblent
toujours échapper à la volonté des humains : maladies, accidents,
noyades, chutes… La mort de l’enfant frappe les personnages comme
un résidu du destin tragique, aveugle et immaîtrisable, symptôme
d’une crainte d’avenir, d’une menace de stérilité et d’une impossibilité
de régénération.

À la fin du XXe siècle, le motif fait retour mais chez Edward Bond,
Sarah Kane, Franz Xaver Kroetz, Joël Pommerat, Laurent Gaudé,
Wajdi Mouawad, Hanok Lévine, ce n’est plus le destin qui frappe, mais
bien souvent la mère elle-même qui tue, agression délibérée contre le
principe de vie. Le cinéma et les arts plastiques ne restent pas à l’écart
et le motif s’y retrouve avec une égale intensité, toujours en raison du
désarroi qui se généralise : égarement sans secours, douleur sans
réponse, vie sans perspective, no future. «L’enfant qui meurt», excès
qui défie la représentation.

Édition :
Collection :
Nb de pages : 318
Format (cm) : 21 X 16 X 2.9
Date de parution : 19 juin 2010
EAN : 9782355391170
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