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Jean-Marie Piemme

Les pâtissières



Lili : Dieu n’aime plus l’Europe.


Flo : Dieu dit « l’Europe a fait son temps, c’est une volaille, je la coince entre mes genoux, je lui plume le cul ». Comment être encore la reine de la basse-cour quand on a le cul plumé ? Sur ce, la pendule a sonné onze heures et j’ai pensé : la pendule aussi, il faudra la vendre.


Mina : Trop massive. N’entrera jamais dans les chambres de la maison de retraite. Même les plus grandes.


Lili : On va finir là ? En maison de retraite ?


Flo : Là ou ailleurs ! Ce qui est dramatique, c’est qu’on ne finira pas chez nous !


Lili : Déjà presque plus chez nous. Quelques heures encore et ce sera fini. Nous racontons un naufrage. Nous sommes sur les falaises de notre splendeur, les grands fonds marins se creusent à nos pieds, bientôt l’aile de l’échec nous précipitera au plus profond des eaux, j’ai dit.


Mina : Je vais pleurer.


Flo : Ah non ! Pas ça ! Pleurer au beau milieu de ce que nous vendions ! C’était humiliant et inutile. Quelqu’un peut me dire à quoi ça sert de pleurer ?

La pâtisserie Charlemagne a connu des beaux jours lorsque le père était aux commandes et dirigeait l’entreprise d’un main à la fois poétique et ferme. Ah ce père !

Ses trois filles, Mina, Flo et Lili, ont pris le relais avec enthousiasme. Mais le temps a passé, les clients se sont clairsemés : la tradition et la qualité « fait main » n’avaient plus la cote. A contrecoeur, elles ont dû vendre les murs de la maison ancestrale puis cesser leurs activités.

Aujourd’hui, elle reviennent sur le fil des événements qui ont fait basculer leur vie et règlent leurs comptes avec le promoteur immobilier qui, pour avoir racheté la maison, porte à leurs yeux la responsabilité de tous leurs malheurs.

Édition :
Collection :
Reliure : Broché
Nb de pages : 46
Format (cm) :
Date de parution : 20 décembre 2012
EAN : 9782872829149

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