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Les chocolats du milliardaire

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Henri vit depuis trente ans entouré de l’affection de ses trois tantes adoptives : Antoinette, Jeanne et Thérèse. Dans ce milieu rural, la vie sécoule doucement, sans autres histoires que celles du quotidien. Une arrivée inattendue va perturber cette harmonie : une détective perspicace vient révéler à Henri quil se prénomme Charles-Edouard et qu’il est l’héritier d’une immense fortune, celle de la famille Maillard, chocolatiers richissimes. C’est l’oncle Ferdinand Maillard en personne qui viendra chercher ce neveu si ressemblant (les deux rôles seront tenus par le même acteur). Pour accompagner Ferdinand, Félix, le garde du corps toujours à l’affût, et Rebecca, l’ambitieuse secrétaire qui n’a qu’une seule idée en tête : séduire Henri afin de s’accaparer sa fortune. Face à ces tentatives de séduction, Laura, la future promise d’Henri, ne tarde pas à démontrer que sans être la reine du chocolat, elle aussi peut faire de la mousse.

Toujours beaucoup de rythme et de rires dans cette nouvelle comédie écrite par l’auteur des « Parasites sont parmi nous ».

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ACTE I

Une salle de ferme. Côté cour, une porte d’entrée ; côté jardin,
une porte menant vers les chambres et une porte en fond de
scène. Evariste et Henri sont attablés.
Evariste - Mais pourquoi donc que tu n’irais pas ? Pour
une fois qu’il se passe un événement dans le village, tu peux
bien faire un effort !
Henri - Ça ne m’intéresse pas que je vous dis.
Evariste - Allons bon ! Voilà aut’chose… Et depuis quand
ça ne t’intéresse pas ? Ne me dis pas que tu joues les snobs, à
présent ! C’est-y que t’aurais peur de faire de mauvaises ren
contres, ou bien te voilà devenu trop rapiat pour payer ta bolée
à la buvette ?
Henri - N’insistez pas Evariste, je n’irai pas.
Evariste - Toi, mon garçon, tu me prends pour un imbécile.
Tu ne vas pas me faire croire que le bal du 14 juillet ne
t’in
téresse plus !
Henri - Eh bien si ! De toute façon, je ne sais pas danser.
Evariste - Ça ne t’a jamais empêché de tripoter les plus belles filles du village ! Je le connais par cœur son baratin au gars Henri : « Je ne sais pas danser, je danse que le slow », qu’il leur dit. Effectivement, quand on regarde les pieds, ce n’est pas terrible : je te soulève une chaussure de temps en temps et je fais du sur place. Ah ! ce n’est pas sur la piste de danse qu’il use ses semelles, le garçon ! En revanche, si on regarde les mains, alors là, pardon ! Je ne vous raconte pas !
Là, il est déjà un peu plus actif. Pour pétrir, il n’a pas son pareil. Celles qui ne sont pas du coin sont toutes persuadées qu’il travaille dans la boulange ; d’ailleurs, à propos de boulange, dès qu’il voit une fille, il commence à lui parler de ses belles…
Henri - Arrêtez ! Vous allez devenir grossier.
Evariste - Oh ! môssieur Henri fait sa précieuse à c’tte heure ! Toi, mon bonhomme, il va falloir que tu m’expliques. D’abord tu ne veux plus aller au bal, ensuite tu prends des airs de vieille
bourgeoise effarouchée devant mes gaudrioles… Qu’est-ce qui se passe ? T’es tombé sur la tête ou tu as fait vœu de chasteté ?
Henri - Tout juste, Evariste, vous avez deviné.
Evariste - Quoi ? Que t’es tombé sur la tête ?
Henri - Mais non !
Evariste - Ne me dis pas que tu as fait vœu de chasteté ; un vieux coq comme toi, je ne le croirai pas !
Henri - Vous pouvez me croire, j’ai presque fait vœu de chasteté.
Evariste - Qu’est-ce que tu m’embrouilles avec ton
« presque » ? On fait ou on ne fait pas. On ne fait pas
« presque ».
Henri - Si je dis « presque », c’est que j’ai fait un vœu pour toutes sauf pour une.
Evariste - Allons donc, petit cachottier ! Regardez-moi ça, madame : notre Henri qui pense à sa retraite, voyez-vous ça ! On cherche à se caser pour ses vieux jours, on prépare gentiment ses arrières. On se dit qu’on ne veut pas finir comme le vieil Evariste…

Henri - Mais non, ce n’est pas cela… Figurez-vous que je suis tout simplement tombé amoureux.
Evariste - Un crocodile comme toi ? Allons donc ! Ne me fais pas croire que tu peux te
contenter d’une seule poulette ! Quand on a pris l’habitude d’en croquer plusieurs, on a bien trop d’appétit pour se contenter d’une seule.
Henri - Détrompez-vous, je le sais maintenant : plus on connaît une personne et plus on apprend à découvrir de nouvelles saveurs.
Evariste - De nouvelles saveurs ? Laisse-moi rigoler ! La même soupe à tous les repas pour le gars Henri ? Va faire croire ça à d’autres, mais pas à un vieux singe comme moi ! Ecoute-moi, don juan, t’es bien trop habitué à varier ton menu, alors tu penses bien que ta petite sou-soupe quotidienne, je ne te donne
pas deux mois pour la trouver indigeste, crois-moi…
même si elle est faite avec les plus beaux ingrédients du monde.
Henri - Cher Evariste, j’ai appris que la quantité ne fait pas la qualité. La seule soupe qui sera indigeste, ce sera la soupe à la grimace que seront obligés d’avaler tous les jaloux, les râleurs et les envieux quand je leur présenterai ma fiancée.
Evariste - Et peut-on connaître le nom de l’heureuse victime ?
Henri - « L’heureuse victime » ? Que voulez-vous dire ?
Evariste - Dis-nous donc le nom de la pauvre inconsciente qui ne sait certainement pas ce qui l’attend.
Arrivée de Laura, un pichet à la main.
Henri - Dites donc Evariste, je ne vous permets pas !
Evariste - Ben moi je me permets et, dis-moi donc vite qui c’est, que je puisse la prévenir sans tarder ; si je ne le fais pas, on pourrait m’accuser de non-assistance à personne en danger. Allez, Henri, ne fais donc pas ton mystérieux, dis-moi plutôt…

Henri - Ça suffit que je vous dis ! Malgré tout le respect que je vous dois, vous commencez à me chauffer sérieusement les oreilles.
Laura (pose le pichet sur la table) - Eh bien, en voilà une discussion animée ! Peut-on savoir de quoi vous parlez ?
Evariste - Laura, ce garçon, ici présent, est devenu complètement cinglé.
Laura - Ah bon ? Et pourquoi donc ?
Evariste - Figure-toi que M. Henri a l’intention ferme et déclarée de faire souffrir une pauvre femme innocente.
Henri - Vous n’êtes franchement pas drôle. Arrêtez !
Laura - Que voulez-vous dire, Evariste ?
Evariste - Figure-toi que M. Henri m’a dit qu’il voulait se fiancer.
Laura - Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant. Quand bien même il se marierait, il en a le droit ; après tout il en a plus que l’âge.
Evariste - Tout de même, Laura, a-t-on déjà vu un loup demander la main d’une bergère ?… Si ! Pour la mettre dans son garde-manger ou pour la consommer sur place !
Laura - Vous savez, Evariste, on a déjà vu des loups se transformer en agneaux.
Evariste (désignant Henri du doigt) - Pas cette race-là, Laura, crois-moi, pas cette race-là. L’atavisme, qu’on appelle ça. Chasse le naturel, il revient en turbo. Un vieux gars, ça reste un vieux gars ! Je suis bien placé pour le savoir et lui aussi. Tu sais, un chasseur, même au logis, reste toujours à portée de son fusil. T’empêcheras jamais un cavaleur de cavaler, c’est ce que je dis !
Laura - Et toi Henri, qu’as-tu à répondre à cela ? Qu’en penses-tu ?
Henri - Je pense qu’Evariste vieillit mal. Qu’il prenne garde s’il ne veut pas finir dans la peau d’un vieil aigri.
Evariste - Garde ton masque de joli cœur, mon garçon, je vois que cela te fait plaisir, mais ne cherche pas à faire avaler des couleuvres à tes amis.
Henri - Ce qui veut dire ?
Evariste - Ce qui veut dire, mon petit Riton, que tes histoires de mariage, je n’y crois pas. Alors si tu ne veux pas aller au bal, trouve une autre excuse mais
arrête de me prendre pour un couillon.
Laura - Et pourquoi ça ne serait pas vrai ? Moi je le vois bien dans un beau costume de marié, je suis persuadée qu’il aurait fière allure.
Evariste - Ah ! c’est certain ! Il aurait au moins autant de classe que l’épouvantail que j’ai mis dans mon verger au printemps dernier.
Henri - Bon, maintenant, ça suffit ! Arrêtez ! Je sens que je m’énerve !
Laura - Riton a raison, vous devenez désagréable. Ça vous embête à ce point-là qu’il se marie ? Rassurez-vous Evariste, ce ne sera toujours pas avec vous.
Evariste - Si tu le défends à présent, je crois que je n’ai plus rien à faire ici. Allez ! Bon mariage Riton et ne t’avise surtout pas de me prendre comme témoin.
Henri - Et pourquoi pas ?
Evariste - Eh bien alors, dis-moi le nom de la demoiselle.
Henri - Pour que vous filiez le claironner partout ? Merci bien ! Ne soyez pas si
impatient Evariste, vous le saurez bien assez tôt, je peux vous le garantir.
Evariste - Toi et ton goût des secrets… Un vrai gamin !… Au fait, quand tu auras cinq minutes, tu viendras me donner un coup de main
pour réparer la trayeuse.
Henri - Ne vous inquiétez pas, le temps de trinquer avec Laura et je vous rejoins.
Evariste - Tu vois, qu’est-ce que je disais ! Pas encore marié qu’il recommence à conter fleurette à la première fille qui passe.
Laura - La première fille qui passe !… C’est gentil ! Non mais ! Vous me prenez pour qui ?
Evariste - Ne te fâche pas, Laura ! C’est juste pour dire que ce gars-là, c’est une vraie girouette… et, tu sais, les girouettes elles ne s’arrêtent vraiment de tourner que lorsqu’elles sont trop rouillées. Le Riton, il fera comme moi : il faudra attendre que l’arthrose le gagne pour qu’il arrête de courir… Bon, allez ! Ce n’est pas le tout, faut y aller… Riton, je t’attends, ne traîne pas trop ! Si tu me promets de ne pas lui sauter dessus, je te présenterai mon tracteur. Tu verras, il est ravissant.
Henri fait mine de jeter le contenu de son verre. Evariste s’écarte.
Henri - Il y en a qui ont la chance d’être vieux, parce qu’autrement…

Evariste - Oh, Henri ! Tout de même ! Un jeune agriculteur ne...

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