
Les méthodes d’interprétation des grands maîtres du théâtre : Stanislavski, Meisner et Michael Chekhov
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1. Le système Stanislavski et la méthode des actions physiques
Le système Stanislavski est fondamental dans l’art du jeu d’acteur moderne. Il se concentre sur l’authenticité et la crédibilité de l’interprétation, en encourageant les comédiens à se plonger profondément dans le personnage. L’une des techniques les plus importantes dans ce système est la méthode des actions physiques.
- Les actions physiques : Stanislavski pensait que le corps devait être un instrument au service de l’expression émotionnelle. Il encourageait les comédiens à utiliser des gestes et des actions concrètes pour traduire les émotions de leurs personnages. Ces actions physiques sont basées sur des intentions objectives : pourquoi le personnage agit-il ainsi ?
- L’objectif : Chaque scène est vue comme un moment où le personnage poursuit un objectif précis, et cela doit guider toutes ses actions. Ce travail permet de comprendre que l’acteur ne joue pas une émotion, mais agit pour accomplir quelque chose, ce qui crée une vérité émotionnelle.
- L’improvisation dirigée : Pour développer des actions physiques naturelles, les comédiens sont souvent invités à improviser dans le cadre de la situation et du contexte du personnage, ce qui permet une exploration plus libre et plus honnête des motivations et des émotions.
2. L’approche Meisner : écoute et spontanéité
Sanford Meisner a mis au point une technique d’interprétation qui se concentre sur l’écoute active et la réaction spontanée face aux partenaires de scène. Il estimait que trop de travail intellectuel et de préparation menaient à une interprétation mécanique et peu naturelle. Voici les grands principes de la méthode :
- L’écoute et la réactivité : L’acteur doit être constamment en état d’écoute, prêt à réagir aux stimulations de l’autre acteur. Meisner croyait que, en laissant tomber la réflexion sur le texte et l’intention, l’acteur pouvait vivre la scène de manière plus authentique.
- L’exercice des répétitions : Un des exercices clés dans la méthode Meisner est la répétition, où deux comédiens se répètent des phrases simples, mais réagissent constamment à la manière dont les phrases sont dites. Cela renforce l’idée de réagir à l’instant présent et de vivre une scène de manière spontanée, sans sur-analyser.
- L’improvisation émotionnelle : Meisner encourageait également les comédiens à vivre dans un état de réceptivité émotionnelle, leur permettant ainsi de réagir de manière vraie et spontanée aux situations et aux partenaires.
3. La technique de Michael Chekhov et l’imagerie corporelle
Michael Chekhov, neveu du grand écrivain Anton Tchekhov, a développé une méthode d’interprétation qui repose sur une forte utilisation de l’imaginaire et de l’imagerie corporelle pour donner vie au personnage.
- L’imagerie mentale : La technique de Chekhov repose sur l’idée que l’imagination est la clé pour interpréter un personnage. Il encourage les comédiens à visualiser des images mentales fortes (par exemple, le personnage portant un fardeau lourd, ou ayant des ailes invisibles) pour susciter des émotions et des gestes qui, en retour, influencent le jeu physique.
- Le travail sur l’énergie : Chekhov parlait de l’énergie en termes de "qualités psychologiques". Par exemple, un personnage qui est énergique et joyeux peut utiliser un type d’énergie plus vif et dynamique, tandis qu’un personnage plus sombre ou introspectif utilisera une énergie plus contrôlée et contenue. Travailler avec ces énergies permet à l’acteur de s’immerger pleinement dans son rôle et de créer une dimension physique forte.
- La création de l’espace mental et physique : L’idée de Chekhov était que l’acteur devait pouvoir « sentir » l’espace qu’il occupe et utiliser son propre corps comme une forme d’expression symbolique de son personnage. Ce travail corporel renforce l’imaginaire et l’impact émotionnel.
Conclusion
Chaque méthode d’interprétation — Stanislavski, Meisner et Chekhov — offre une approche unique et complémentaire de la préparation du comédien. Tandis que Stanislavski met l'accent sur les actions physiques et la psychologie du personnage, Meisner valorise l’écoute et la spontanéité, et Chekhov privilégie l’imagination et l’énergie corporelle. En combinant ces différentes techniques, l’acteur peut accéder à une gamme d’outils pour créer des personnages riches, nuancés et authentiques.