Le petit boucher

Tout pour être heureuxe

Dans mon village

Dans mon pays de soleil

Poussent le maïs et le haricot

Meugle la vache

Chevrote la chèvre

Aux champs La houe retourne la
terre

Aux prés Cheminent le troupeau et la
bergère

Tout pour être heureuse

De fillette à jeune fille

Entourée par sa famille

Tout Bien sûr Félicité

Chante le coq lorsque pointe le jour

S’éveillent les habitants aux premières
lueurs

Travaillent les mères et les filles

A l’école Petits frères et petites soeurs

Et les pères vont aux champs

Et la récolte porte ses fruits

Et l’on vit

Je vis

M’aiment mon père et ma mère

M’aiment mes frères et mes soeurs

M’aime Antonin

Bien coiffé Parfumé

M’aime

J’aime mon père et ma mère

J’aime mes frères et mes soeurs

J’aime Antonin

Petits pas

Bras dessus Bras dessous

Cheminons sur la place

Félicité témoigne. Elle nous parle de
chez elle, de son village, de sa
famille. Inquiète, elle hésite,
chemine sur les sentiers de sa
mémoire. Les mots dénouent petit à
petit le mystère et nous dévoilent le
cauchemar qui a bouleversé son
pays, marqué sa terre, souillé les
corps.

Comme elle, aujourd’hui, beaucoup
de femmes sont les victimes
principales de toutes les guerres.
Cibles récurrentes de la barbarie et
de l’avilissement, elles doivent faire
face à la douleur et à la honte pour
aider ceux qui les entourent à vivre,
ou du moins à survivre.

Formé au Conservatoire de Bruxelles,
Stanislas Cotton a travaillé en Belgique
durant une quinzaine d’années comme
comédien au sein de la mouvance des
jeunes compagnies. Depuis 1990, il se
consacre à l’écriture dramatique. Il vit
actuellement à Rome.