Un théâtre de l’hybridité artistique
Christophe Honoré est un auteur de théâtre, un metteur en scène et un réalisateur qui revendique une méthode d’écriture de plateau où les comédiens sont fortement impliqués dans la création, ce qui reflète sa volonté de « démocratiser » la création et de partager la parole.
Il mêle très souvent le théâtre à d’autres médiums : « vidéo, lumière cinématographique, musique populaire », etc. Par exemple dans la pièce Les Idoles, la mise en scène intègre des effets de cinéma-théâtre, un décor qui évoque les limbes, des éléments visuels forts. Il ne reste pas dans le « théâtre traditionnel » uniquement des dialogues et un plateau neutre, mais pousse vers un spectacle qui emprunte au cinéma, à l’opéra, à la performance. Cette porosité des genres est une part essentielle de son style. Autrement dit, le temps théâtral est saturé de références visuelles, de glissements de registre, de moments qui « ne sont pas que théâtre ». Cela crée un sentiment de « folle élégance » ou de foisonnement visuel dans ses spectacles.
Le bricolage de la mémoire et de la nostalgie
Le travail de Christophe Honoré est très fréquemment associé à la mémoire — personnelle, collective — et à la nostalgie. Dans Les Idoles, il convoque des artistes disparus, mêle des voix d’outre-tombe, joue de l’entre-temps et de l’héritage. Ce n’est pas une nostalgie purement passive : c’est une mémoire qui interroge, qui remet en jeu. Le passé n’est pas seulement revisité mais revivifié, transformé sur scène. Ainsi, on pourrait dire que son théâtre est « mélancolique mais actif », il ne se contente pas de regarder en arrière, il permet que des fantômes du passé parlent, qu’ils interfèrent dans le présent du plateau.
Une écriture de plateau ouverte et collective
Selon des témoignages, Christophe Honoré fonctionne dans ses mises en scène comme suit : il donne des références, quelques axes de travail, puis « on improvise, et enfin on donne un texte ». On trouve donc une méthodologie peu « académique », centrée sur l’expérimentation, l’exploration par les comédiens, le désordre organisé. Cette approche crée une « brèche » : les acteurs sont
appelés à s’approprier la matière, à co-écrire en-quelque-sorte le spectacle par leurs propositions, leurs corps, leurs improvisations.
Thèmes récurrents et motifs stylisés
Quelques thèmes qui traversent son théâtre : Le désir, la disparition, la mort, souvent en lien avec la figure artistique ou littéraire. Le temps, l’héritage, l’enfance ou l’adolescence comme moment fondateur. Ses premières pièces destinées à la jeunesse en témoignent. La culture (cinéma, littérature, chanson) apparaît comme matrice de l’écriture théâtrale. Il puise dans ses passions personnelles (lectures, films, chansons) et les fait entrer sur scène. Il affirme lui-même qu’il fait du théâtre parce qu’il a « vu des pièces », « lu des livres ».