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10 pièces de théâtre pour des femmes de théâtre

Sororité, rivalité, émancipation : les voix féminines sur le devant de la scène

Place aux autrices, qui ont des choses à dire. Place aux personnages féminins complexes, loin des rôles stéréotypés, aux pièces passant le test de Bechdel haut la main.

Pauvre Bitos – nomination Molière du Comédien dans un spectacle de Théâtre privé

André Bitos est de ceux qui ont su grimper, malgré une origine sociale modeste : après avoir été la risée de son lycée catholique, l’homme est désormais procureur, réputé sévère et sans pitié. Un soir, ses anciens camarades de classe l’invitent à participer à un dîner de têtes, c’est-à-dire un souper où l’on se “paie la tête” d’un homme célèbre – en le jouant, c’est encore mieux. On attribue à Bitos Robespierre, l’intransigeant républicain, l’homme de la Terreur… L’occasion une fois encore de rappeler son rang à cet homme, en l’amenant à se compromettre une fois ivre. Cruauté et esprit de vengeance sont au rendez-vous pour un repas où l’esprit fait mouche. 

L’Opéra de Quat’sous nomination Molière du Spectacle musical

L’Opéra de Quat’sous, c’est l’opéra “pour clochards” de Brecht. Critique sociale, dimension politique, parodie d’opéra, voyous et malfrats : on retrouve là toute la patte du dramaturge allemand. Mac, bandit bien entouré, veut épouser la fille de Peachum, commercial enrichi vivant de la misère des gens – littéralement, puisque son business organise la mendicité. Dans cette ville londonienne crasseuse et mal famée, entre prostituées, reine d’Angleterre et voyous intéressés, il y a lutte. Un opéra provocateur et cynique mis en musique par Kurt Weil, qui agit comme un détonateur à la modernité frappante. 

Denali

Denali – Molière du Théâtre privé, Molière de la Création visuelle et sonore, Molière de la Mise en scène dans un spectacle de Théâtre privé, Molière de la Révélation féminine 

Un fait divers, en Alaska. De quoi soulever le cœur, et révolter les habitants : une jeune fille, Cynthia, dix-neuf ans à peine, est retrouvée morte dans la rivière Eklutna. Elle a été abattue d’une balle dans la nuque, après avoir été ligotée et bâillonnée. Denali et Kayden, ses deux amis qui l’accompagnaient dans les bois la nuit du drame, semblent les coupables parfaits. Pourtant, la vérité, à la fois simple et complexe, va au-delà des apparences. Glaciale. Réseaux sociaux, célébrité, argent : qu’en est-il de la jeunesse sous emprise ? 

Cyrano de Bergerac – nomination Molière du Comédien dans un spectacle de Théâtre public, Molière du Comédien dans un second rôle

Chef-d’œuvre de théâtre, cette pièce en vers de Rostand a laissé une empreinte durable sur la scène française. Qui ne connaît pas la célèbre tirade du nez ? Bijou de poésie, rebondissements et souffle romanesque, autant d’ingrédients de génie pour un monument du patrimoine. Cyrano prête sa plume à Christian, pour aider le beau garçon à séduire Roxane. Amour, lyrisme, batailles et accent gascon en prime : on n’en a jamais assez de ce succès romantique. 

Richard II – nomination Molière de la Mise en scène dans un spectacle de Théâtre public, Molière du Comédien dans un spectacle de Théâtre public, Molière de la Comédienne dans un second rôle

Drame historique composé par Shakespeare, on assiste ici à la fin du règne de Richard II, destitué par  Henri Bolingbroke son cousin et rival, futur Henri IV. Complots, jeux de pouvoir, manipulations, trahisons : Richard II assiste à son crépuscule impuissant, puisqu’il est à moitié responsable de sa chute. Incompétent, à l’entourage mal choisi, impopulaire : une figure ambivalente qui se voit tout perdre après avoir tout voulu, de son trône à son statut. 

Un chapeau de paille d’Italie – nomination Molière du Théâtre privé, Molière de la Mise en scène dans un spectacle de Théâtre privé, Molière du Comédien dans un spectacle de Théâtre privé

C’est le jour du mariage de Fadinard. Hélas, le jeune rentier a une mésaventure causée par l’appétit original de son cheval : celui-ci croque le chapeau d’une dame. Cette dernière, outrée, va débarquer chez le futur époux accompagnée de son amant belliqueux, militaire de profession. Il doit absolument retrouver un chapeau similaire à cette femme, sous peine de représailles. C’est le début d’une course folle pour le pauvre homme, des salons d’une comtesse à l’appartement d’un cocu, poursuivi par des invités qui n’y comprennent rien… Un vaudeville hilarant où les péripéties s’enchaînent, absurdes et comiques, pour notre bon plaisir. 

Un tramway nommé Désir – nomination Molière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre privé, Molière de la Comédienne dans un second rôle, Molière du Comédien dans un second rôle 

Atmosphère moite, soleil de plomb. Bienvenue dans le quartier français de la Nouvelle Orléans. Blanche, femme de trente ans, manières d’aristocrate, rend visite à sa sœur Stella et son beau-frère Stanley. Les deux vivent dans un appartement lugubre, loin de la quiétude désirée par Blanche. Délicate, sensible, les nerfs à vif, la jeune femme se brise sur les aspérités de Stanley, qui ne peut pas la supporter. Tensions, conflits, sensualité : la mécanique infernale des désirs se met en place, alors qu’aucun ne peut se comprendre. Et Blanche, véritable dynamite, menteuse, touchante, éthérée, va bouleverser le quotidien du foyer.

Passeport – nomination Molière du Comédien dans un second rôle

Une pièce brûlante d’actualité par Alexis Michalik, qui trace la rencontre de deux personnes déracinées à la recherche de leur identité. D’un côté, Issa, jeune Erythréen qui a frôlé la mort après une agression dans la “jungle” de Calais. Défiguré, il a perdu la mémoire : ne lui reste que son passeport comme unique piste pour retrouver la personne qu’il était. De l’autre, Lucas, gendarme d’origine comorienne adopté par un couple de français, qui, après avoir croisé le chemin d’une journaliste, se questionne sur ses origines. En toile de fond, c’est une peinture de la société au-delà de la seule question des politiques migratoires. Une pièce humaine qui nous invite à réfléchir et bouscule nos préjugés. 

James Brown mettait des bigoudis : théâtre

James Brown mettait des bigoudis – nomination Molière de l’Auteur/trice francophone vivant/e, Molière de la Comédienne dans un second rôle

Jacob pense qu’il est Céline Dion, il y croit dur comme fer : d’ailleurs, s’il n’était pas Céline, aurait-il l’accent québécois, connaîtrait-il par cœur toutes ses chansons ? Parfois, ses parents lui rendent visite dans l’hôpital psychiatrique où il est interné. Là-bas, il y a Philippe, qui se pense noir, et affirme avoir rencontré Nelson Mandela. Enfin, la directrice, qui, elle aussi, joue avec les frontières de la folie… Une pièce absurde qui met en perspective les relations familiales, la définition de la normalité, l’identité. Dans ce lieu où l’on ne sait plus qui est vraiment fou, c’est aussi la difficulté du dialogue, de la communication et de l’isolement qui sont mis en scène par la plume de Reza.

Une journée particulière – nomination Molière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre public, Molière du Comédien dans un spectacle de Théâtre public

Le 7 mai 1938, à Rome, un défilé est organisé à l’occasion de la venue d’Hitler. C’est l’histoire d’une rencontre, de deux anonymes qui vont apprendre à se connaître. Mère de famille, épouse, Antionetta attend le retour de ses enfants et de son mari, partis à la parade. Une femme comme il faut dans l’Italie fasciste, tout ce qu’il y a de convenable en apparences. Un étage au-dessus, Gabriele, ex-présentateur radio radié pour son homosexualité et son opposition au régime, attend son arrestation qui ne saurait tarder. 

Voir le site de l’Association des Molières : https://www.lesmolieres.com/nominations-ceremonie-2024

Fake – Claudine Galéa

Tomber amoureuse, peut-être, de sa meilleure amie, celle qui ne pense qu’aux garçons. Écouter ses récits d’aventures en ligne, de déclarations d’amours virtuelles. Le discours amoureux entre deux écrans, et le discours ambigu entre les deux jeunes filles. Tout est un jeu, au début. Pourtant, le désir, c’est l’échange, c’est le manque : cela se nourrit de mots. Et au milieu, il y a cette amitié aux frontières décidément troubles.

Inconditionnelles – Kae Tempest

Deux femmes incarcérées dans la même cellule se rencontrent, véritablement. Chess et Serena tombent amoureuses. L’amour sans condition ? Un amour victime des circonstances ; Serena obtient sa libération conditionnelle, alors que Chess reste enfermée. Le moyen qu’elle trouve pour échapper à son enfer, c’est la musique. Elle compose, pense à son crime, écrit une chanson pour sa fille. Et dehors, Serena vit, agit.

Le Firmament – Lucy Kirkwood

Angleterre, mars 1759, en pleine campagne. Les habitants n’ont d’yeux que pour la voûte étoilée, attendant le passage de la comète de Halley. Et Sally Poppy, jeune domestique d’une vingtaine d’années, est condamnée à la pendaison pour meurtre. Lorsqu’elle prétend être enceinte, c’est un drôle de procès qui s’ensuit. Douze matrones sont appelées, formant un jury populaire, pour établir la vérité : est-elle enceinte, ou est-ce seulement une stratégie pour éviter la mort ? La grossesse, c’est une histoire de femmes : ce sont à elles de déterminer les faits. Un destin suspendu, à leur bon vouloir, à leurs croyances, à leurs superstitions.

Une fille sans personne – Carine Lacroix

Iris est en prison. Comme chaque détenue, elle cherche à rendre le quotidien supportable, loin des humiliations, de la peine, de l’enfermement. Pour s’évader, il y a les ateliers d’écriture, animés par Camille. Devenue sa confidente, les deux entretiennent une correspondance et Iris fait entendre sa voix dans les textes qu’elle envoie à Camille. Pourtant, ce ne sont que des mots, et reste la solitude.

Neuf Petites Filles – Sandrine Roche

C’est un jeu, un jeu qui semble innocent, un jeu de petites filles. Neuf fillettes s’inventent des histoires : elles se racontent, se romancent, parlent de leurs vies rêvées. Une discussion qui pose question, qui suscite la réflexion, puisque derrière des paroles en apparence insouciantes, c’est la féminité, la misogynie, le corps, l’homosexualité qui sont abordés. Et ces enfants ne sont pas tendres : entre elles, c’est toute la complexité des rapports féminins qui se joue. Parfois cruelles, parfois perverses, elles sont terribles dans leur lucidité.

Les Essentielles – Faustine Noguès

Au milieu des dépouilles des bovins, sur la chaîne de découpe de l’abattoir, une femme, suspendue la tête à l’envers. De quoi perturber le monde de cette entreprise, puisque celle qui est morte est une employée et n’avait définitivement aucune raison de se retrouver là. Un coupable est vite désigné : c’est la rapidité des cadences, selon les collègues. Il faut agir collectivement, cela ne peut plus durer. Hélas, personne n’a jamais fait de grève dans ce lot d’ouvriers et d’ouvrières… Les vaches témoignent de ce drôle de soulèvement, sans porte parole, sans organisation. Et la directrice est aussi perdue que les autres. C’est le moment de changer d’habitudes, c’est le moment de faire grève : mais, vraiment, ça n’est pas chose aisée.

La Maison de Bernarda Alba– Federico García Lorca

Mère et filles sont cloîtrées dans leur maison, suite à l’exigence de Bernarda, la mère. Huit ans durant, elles devront porter le deuil de leur père en restant enfermées dans cette demeure. Despotisme maternel, cruauté, rivalités entre sœurs qui n’ont comme seul échappatoire que le mariage, folie sourde, les filles recluses sont victimes de leurs frustrations, privées de leur féminité par cette génitrice omnipotente. Dans ces jeux de pouvoir, la censure règne, et l’amour est interdit.

Désobéir– Julie Berès, Kevin Keiss et Alice Zeniter

Dire non. Refuser, se dresser contre. Quatre filles, de la deuxième et troisième génération d’immigration apprennent à désobéir, et s’affirment. Ne pas suivre les volontés du père, s’opposer aux injonctions de la communauté, lorsque le racisme et le machisme entravent. Enfin, trouver son chemin, et s’exprimer, par la danse, le théâtre ou la prière. Pour cela, il faut désobéir.

Les filles du Saint-Laurent – Rébecca Déraspe

Le Saint-Laurent, ce fleuve impétueux, violent. Et ce soir, tout particulièrement. Il recrache sur ses berges sept corps, corps inconnus, dépouilles sans nom. Et les filles du Saint-Laurent, ce sont ces femmes qui, lors d’un baiser, d’une promenade, vont tomber nez-à-nez avec les cadavres. Élodie, Rose, Dora, Charlotte, Lili, Mathilde, Manon, Anne. Et Martin. Cette rencontre face à la mort fera écho, une vague dans l’intime, une plongée dans leurs failles, dans leurs doutes. De quoi renaître, sortir la tête hors de l’eau. Le fleuve, quant à lui, aux traits de femme, se bat avec son cours, sa propre histoire.

Chienne et louve

Mais aussi … Chienne et Louve – Joffrine Donnadieu

Lauréat du Prix de Flore en 2022, ce roman, c’est l’histoire d’une relation particulière, celle d’Odette et de Romy. Romy a vingt ans, elle rêve d’être comédienne. Pour vivre à Paris et payer le Cours Florent, elle est strip-teaseuse le soir. Odette accepte de la loger, en échange d’un loyer faible et de sa compagnie. Un lien étrange se forme entre les deux femmes, entre fascination, dépendance et rapport de force. Avec, en toile de fond, le corps vieilli d’Odette, le passé de Romy, et l’expérience de la scène, douloureuse mais exutoire. Le théâtre est là, comme constance dans la vie de Romy, comme moyen d’existence, comme guérison.

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