Ménines

D’abord, la couverture détachable de ce livre, qui mesure 31,8cm par 27,6cm (une fois dépliée), est une reproduction fidèle au 1/10ème du tableau de 1656 de Diego Vélasquez Las Meninas, qui mesure 3m18 par 2m76. Ensuite, ce texte est un pastiche de Paysage sous surveillance de Heiner Müller. Ce texte, description dramatur­gique et cinématographique d’une image inconnue (en vrai, un croquis d’une de ses élèves de scénographie), est un peu à l’écriture dramatique contemporaine ce que le WC de Duchamp est à l’art contem­porain : une tabula rasa des codes d’une discipline. Plus de dialogue, plus de didascalie, plus de situation, plus de personnage, plus d’unité de rien, mais le théâtre comme essence, comme sujet, comme matériau, comme mode de parole. Tout en promenant son œil sur l’image comme une caméra sur un paysage, il rêve, il interprète, il projette mille scènes fantasmées, qui se succèdent ou se superposent, se complètent ou s’annulent. Et l’image devient une scène. Et la scène peut à son tour se remplir d’images. Les répliques, les personnages, les décors, les artifices, le tragique et le comique, les petites histoires et la grande Histoire, tout ce qui avait été évacué a priori de la forme ressurgit comme matière du texte. Ce texte ‘Ménines’ est une reproduction minutieuse et scrupuleuse du texte de Müller et de son exploration, mais avec une nouvelle image support : Les Ménines de Vélasquez.