Traité de scénotechnique

C'est à la Grèce antique que nous devons le terme -skéné- d'où nous viennent les mots scène et scénographie. Ce livre, avec ses grands dessins colorés et photos pleine page est, certes, un bel objet des éditions Eyrolles mais il ne mérite pas sa classification ; le Traité de Scénographie par Pierre Sonrel, lui aussi architecte, demeure une référence incontournable parmi d'autres grands classiques du genre. Au hasard, très brièvement et sans chercher à être exhaustif, voici des erreurs ; l'auteur, parlant de machinerie s'approprie le concept innovant de "petit gril" qui pourtant existait déjà au 18e siècle et de surcroit avec les trois grils déjà métalliques créés en 1870 par l'architecte Charles Garnier. Il écrit (p.342) que le rideau historique de l'Opéra Garnier aurait été refait à l'identique par Mattei (Silvano), c'est inexact puisque ce dernier a seulement rafraîchi les teintes (1996) du rideau entièrement refait à l'identique sur toile de lin par le peintre-décorateur Emile Bertin en 1952 afin de remplacer le rideau d'origine inauguré en 1875. Et mille autres détails...La préface d'Edmond Bonnefoy est complaisante à l'égard de l'auteur Pierre Gautier, solidarité corporatiste de l'entre-soi oblige... Mais ce n'est ni le néologisme "scénotechnicien" ni le scénographe ou l'architecte que les spectateurs réclament : le public attend les auteurs, les compositeurs et les artistes. Ce n'est pas le fabricant de casseroles qui fait la gastronomie. Cette confusion des genres se signale aussi par la dérive parallèle où les metteurs en scène se prennent pour des auteurs, comme l'exprime si bien Dominique Delouche sur le célèbre magazine : http://www.tutti-magazine.fr/news/page/Interview-Dominique-Delouche-La-Derniere-Place-Irene-Aitoff-Yvette-Chauvire-Serge-Lifar-fr/C'est un livre d'architecte qui met subjectivement en avant son travail, ce qui n'en fait pas un ouvrage d'école. Pour 39 euros, beau papier, belle couverture cartonnée mais le contenu laisse à désirer. Si je l'avais feuilleté sur place, rue de Marivaux, je n'aurais pas acheté ce livre.